Détonnant Trail Créonnais, par Calimero33

Après l’excellent article de Cache-Village (hé oui, vous m’aviez grillé, les amies 😉 ) sur Calimero33, le désormais 1er poseur français avait encore des choses à dire ! Allons découvrir les coulisses de la pose de ces circuits de 850 géocaches…

Salut Calimero33, comme on dit souvent sur les forums, une petite présentation ?

 Bonjour Tof. Derrière le pseudo Calimero33 se cache une famille. Comme dirait le plus jeune de la team, il y a le « petit » de 5ans, la « moyenne maman » et le « gros papa ». Nous avons débuté ensemble il y a presque 3 ans sur une cache nommée « Oh ma biche ». Le petit, lui, a adoré faire connaissance avec les daims proches de la cache, le papa a adoré le fait de découvrir un tube d’aspirine avec un petit papier dedans (oui c’est possible, c’est la magie du geocaching 😉 ) et la maman un mix des deux. A partir de là, nous avions été contaminés par le virus avec un terrain propice sur le papa. Mais tout le monde aime bien le principe à la maison.

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« Quelques caches » sont apparues près de Bordeaux sous le nom de DTC, tu nous racontes ?

Le DTC, je précise « Détonnant Trail Créonnais », est en fait un regroupement de 26 circuits, ne compte pas, il en manque 3, qui forment une toile d’araignée. Ce n’est pas un trail à proprement dit, car ce n’est pas un circuit linéaire mais une succession de séries. Un principe identique pour chaque série, une balade sur un sentier qui permet de découvrir les paysages de l’entre-deux- mers, avec des vignes, des forêts, des vallons et la découverte du patrimoine historique (églises, châteaux et surtout l’abbaye de la Sauve). Pour pouvoir te faire une idée des paysages, un site d’images à été dédié au DTC (c’est ici). Ce site reprend les images des logs des différentes personnes passées par là (pour le moment, c’est plutôt des photos sous la pluie et dans la boue, mais cela va changer… si si, il fait des fois beau dans le Bordelais !).

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Normalement, le DTC va donc serpenter sur 200 km et recéler sur ces 26 séries plus de 850 caches, 26 bonus et une super Bonus. Sur le papier cela semble assez sympa, mais je préfère t’avertir que tout est standardisé, toutes les caches sont des tubes de 12cm de long sur 2,5cm de large, seul changement leurs camouflages ! En effet tu ne vas rencontrer que 3 type de caches (hors bonus) :

  • La « glisse partout », souvent dans un tronc, sous une pierre, dans le berceau d’arbres…

  • La « suspend-moi », souvent dans les branches, les haies…

  • La « transparente », la cache spéciale poteau.

 Dans chaque cache tu trouveras un petit logbook (pouvant contenir 200 logs) façon petit livret et un crayon pour ceux qui viennent les mains dans les poches… ou juste avec un GPS car c’est plus facile pour chercher 😉 . Donc peu de joujoux, sauf dans les bonus et la super bonus.

Le principe ici est simple, on vient pour se promener mais aussi passer pas mal de temps pour la recherche des caches. En effet, on passe plus de 50% de son temps à rechercher ces satanés tubes. Eh oui, ici il faut chercher, les caches ne sont pas tout le temps derrière un poteau ou simplement sous un tas de cailloux ou de branches… donc des fois il va falloir passer un petit moment avant de dénicher le précieux ! Pour donner un peu plus de piquant aux séries, il y a des bonus avec 4 indices par série à trouver. Ces indices ne sont répétés que 2 fois tout le long de la série, donc si on veut trouver la bonus, il ne faut pas trop laisser de DNF derrière soi, mais je compte sur toi pour tout rafler 

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Avoir l’idée de ces circuits, c’est une chose, mais derrière il faut une organisation bien huilée ?

La création du DTC fut un peu chronophage (au dire de madame car pour moi ce fut transparent… ou presque… bon ok je suis de mauvaise foi). Il y a 4 grands chantiers, la recherche des circuits, la création des caches, la pose et la publication. Chaque étape est différente et assez monotone, il est donc plus motivant d’alterner ces 4 phases.

La première, qui se fait bien confortablement dans un fauteuil, est assez rapide et surtout la moins physique. Lors de la pose de la première série, 75% des circuits étaient déjà tracés sous Google Earth et à ce jour, 2 séries ne sont pas encore arrêtées définitivement. Donc une phase qui évolue énormément suivant les humeurs.

La deuxième, c’est la création des caches, et là c’est que du bonheur… non je rigole. C’est la phase la plus fastidieuse et la plus longue… je mets presque moins de temps à les poser qu’à les fabriquer… mais attention c’est made in France!  On peut voir dans cette deuxième phase, 4 chantiers :

  • Création des logbooks : donc pour information, c’est plus de 2 500 feuilles imprimées (une imprimante qui a rendu l’âme mais pas de panique, sa petite sœur est venue la remplacer rapidement). Le fichier Word de ce style de log est disponible sur demande. Donc cette étape est la plus longue car beaucoup de découpe et tout fait à la main, j’utilise quand même des ciseaux 😉 .

  • Découpage de crayons et taillage de ceux-ci… j’ai eu une super idée pour faire des économies, c’est d’acheter des crayons et de les découper en 3, pour faire des petits crayons… donc grâce à cette idée que l’on peut qualifier de génie, j’ai eu le droit de tailler 600 crayons, de casser 2 taille-crayons et d’avoir des ampoules (même madame a eu le droit à sa petite ampoule qui fait bien mal, nous sommes un couple moderne, on partage tout 😉 ).Cali3

  • Rédaction des indices avec plastification. Chaque indice, pour rester lisible même si la cache prend l’eau, est plastifié. Rien de plus insupportable que de trouver la cache et de ne pas pouvoir lire l’indice pour dénicher la bonus.

  • Camouflage des caches. Donc là c’est simple, c’est 1,5km de scotch d’électricien (le vendeur à Casto m’a précisé que si j’avais une installation aussi fragile il valait mieux retirer un câble… et d’arrêter de tout scotcher), 300m de fil métallique pour faire les accroches des tubes (pour vous dire comment je suis doué en bricolage, j’ai réussi à me percer le doigt avec un ciseau en voulant trouer le tube pour placer le fil… Comme dirait madame, j’ai 2 mains gauches et le pire je suis un vrai mec, donc je me plains pour un rien, vous m’auriez vu, j’étais à l’agonie, à 2 doigts de la mort et madame m’a juste désinfecté et mis un pansement… lamentable).

La troisième étape, c’est la pose. Donc pour poser, il faut juste avant préparer quelques trucs. En premier, bien préparer son sac, avec une centaine de caches (les 3 types), les indices plastifiés, la bonus avec badges (oui il y a 3 badges personnalisés dans chaque bonus) et indices pour la super bonus, les ciseaux pour découper sur place et percer des caches plastiques de certains poteaux, un marteau, des clous, une pince pour recouper l’attache en fer… Donc quand on met tout cela sur le dos, on se croit partir pour 15 jours de rando. Puis c’est parti pour une journée de pose, cette partie est réellement agréable, car on concrétise tous les efforts de la semaine. Beaucoup de plaisir de découvrir les chemins de rando, les petits sentiers… un grand bol d’air. Bon je sais que je vais choquer les puristes du géocaching où chaque boîte doit être travaillée pour être positionnée dans un lieu bien spécifique… bon ici, aucun repérage et les caches sont identiques.

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La quatrième étape, la saisie sur le site. Donc quand on pose une cache c’est assez facile, on se souvient bien comment on l’a posée, donc le hint est assez facile et le spoiler c’est la seule photo que l’on a dans l’appareil. Mais quand on en pose entre 50 et 80 dans la journée, cela se complique un tout petit peu… Première étape, regarder sur le GPS combien de caches ont été posées, puis retrouver toutes les images spoilers (il en manque toujours une). Puis saisir le tout sur le site. Heureusement, l’équipe de reviewers français m’a permis de me simplifier le travail en me pré-validant les caches très rapidement, je les en remercie.

Donc une semaine normale dans la famille Calimero, c’est dimanche la pose des caches, le lundi et mardi c’est la saisie sous www.geocaching.com, le mercredi, jeudi et vendredi c’est la fabrication des caches et le samedi c’est la validation du parcours pour le dimanche suivant et la préparation du sac. En gros, une vie de famille épanouie… au dire de madame  Ah oui, j’allais oublier la semaine j’ai aussi un boulot pour pouvoir nourrir la petite famille.

Tout semble limite militaire au niveau organisation, cela fait presque peur !

Alors je t’arrête tout de suite, il faut savoir que mon deuxième surnom dans le géocaching (après une pause s’impose, voir les caches sur Bordeaux pour comprendre) c’est « tout à l’arrache ». Donc pour arriver à cette organisation millimétrée, je peux te dire qu’il y a eu pas mal de loupés. Pour te faire rire, première sortie en vélo pour poser les caches, j’ai réussi à me perdre. Donc j’ai eu la bonne idée (j’en ai souvent et c’est bien dommage) de dévaler une prairie à vélo et donc au bout de 3 minutes j’ai enfin pu atterrir sur une piste cyclable et j’ai constaté que j’avais la roue arrière bien à plat. Donc je n’étais qu’a 9Km de la voiture, j’ai eu le droit de finir la pose des caches en poussant mon vélo… Ah oui, je n’avais rien prévu pour réparer. Je suis arrivé à la voiture quand le soleil se couchait, encore un beau timing. Bon maintenant je pars avec une chambre à air de rechange, une bombe anti-crevaison et plein de choses… Je n’ai jamais plus crevé… Rrrrrrr. Encore plus fort, sur la Série G, qui est une des plus dures, je me suis perdu dans la boue… j’ai mis 2 heures pour sortir d’un bourbier sans nom. Du coup, j’ai voulu faire partager ma balade et la série G a une forme bien particulière. Donc comme tu peux le voir l’organisation semble bien huilée mais je te rassure, la réalité est un peu « à l’arrache ». Mais c’est des bons souvenirs et quand on me parle d’une série, je me souviens toujours d’une anecdote lors de la pose. Mais c’est quand même que du plaisir (surtout après coup  ).

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Lors de la sortie du DTC, tu as fait un peu de teasing sur la page FB Géocaching Gironde, mais aucune autre pub ?

Déjà, je communique ici (merci de me donner la parole) et je l’avais aussi fait à la demande de Cache-Village pour une Vie De Geocacheur. Pas de pub, car je ne savais pas si ce genre de geocaching pouvait plaire ou non. Donc avant de le crier sur tous les toits, j’aime bien vérifier que les circuits sont sympas et que les visiteurs passent un bon moment. Pour le moment, les circuits sont en rodages, car il va falloir rectifier des choses et puis il faut aussi finir les 3 séries qui manquent (oui tu peux recompter il n’y en a que 23 actuellement). Donc pour le moment, on rode pour pouvoir procurer le moins de frustration car le DTC n’est pas là pour faire des déçus. Je pense que ce genre de circuits va attirer les géocacheurs qui aiment faire du « chiffre ». Il ne faut pas se mentir, un tel volume de caches dans une petite zone attire obligatoirement ceux qui aiment trouver plein de caches dans un laps de temps réduit. Pour cela, je vais juste préciser que les caches ne sont pas si faciles que ça et qu’il va falloir laisser la voiture sur plus de 50% des parcours… donc pas si évident pour faire tout rapidement. En effet, je pense que pour faire les 26 séries, il faut compter presque 2 semaines… et 2 semaines sur ces séries cela peut vite être galère suivant la météo. Après j’espère que les personnes aimant la rando ne seront pas déçues de devoir s’arrêter tous les 250 m pour chercher. Il y a déjà une team qui a eu la bonne idée de faire les circuits en 2 passages, un avec toutes les caches impaires et l’autre coup avec les caches paires. Cela permet de faire les parcours en 2 fois sur 2 périodes de l’année. Mais cela n’est faisable que pour les locaux. Donc je suis aussi en train de voir comment faire les circuits en ne cherchant qu’une cache sur 2 et quand même avoir les indices pour la bonus, encore du boulot pour finaliser ces circuits.

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Du boulot pour finir et roder ces circuits, mais comment tu vas faire la maintenance de plus de 1000 caches à ton actif ?

La grande question. Tout le monde m’en parle. La MAINTENANCE, vaste sujet. Donc en premier, je ferai la maintenance le plus souvent possible, mais tu te doutes bien qu’un DNF ne me fera pas bouger. Donc comment organiser une telle maintenance ? Je suis parti sur un principe simple mais qui, je pense, peut être très critiqué : Le but principal de ces séries, c’est de se promener sur des sentiers agréables et de trouver la bonus, seule vraie boîte sur le circuit. Donc au minimum, il faut que les indices soient là. Donc j’ai noté où sont les indices de chaque série qui sont répétés 2 fois. Dès que les 2 indices ne seront plus trouvables, j’irais en urgence maintenir la série. Après je me dis que si 2 ou 3 boîtes sont manquantes pendant 2 ou 3 mois sur un circuit de 35 caches, ce n’est pas super grave si ces caches manquantes sont bien identifiées sur le site. Et c’est cette partie qui peut être contestée, car en effet il se peut qu’une série ne comporte pas toutes ses caches pendant un laps de temps assez long (pas plus 2 ou 3 mois je vous rassure). C’est discutable, mais je ne pense pas pouvoir faire mieux. Après, j’espère que les visiteurs prendront bien le temps de bien refermer les caches qui sont hermétiques si le bouchon est bien remis. Je souhaite aussi que les caches soient bien recachées et que les lieux ne soient pas trop saccagés. Et puis un peu de discrétion, je sais que certains vont venir les faire en voiture, c’est sûr que si on se gare en plein milieu d’une route proche de la cache cela peut vite entraîner une maintenance. Car une voiture qui s’arrête cela ne suscite pas trop l’intérêt des locaux, mais 10 arrêts par semaine cela peut amener des questions. Donc j’espère que les visiteurs ne penseront pas qu’à trouver rapidement la cache mais pensent aussi à être discrets. La première maintenance, ce sont les géocacheurs qui la font en recachant discrètement les caches.

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On a beaucoup parlé du DTC, mais tu avais déjà plus de 300 caches posées et plus de 10 events organisés sur les 2 dernières années, tu ne vis que pour le géocahing ?

C’est vrai que dit comme ça, cela fait un peu peur et je comprends pourquoi madame Calimero33 aime un peu moins le geocaching que moi ! Non, en fait je te rassure, le geocaching me prend beaucoup de temps, mais j’ai un boulot (qui hélas me prend pas mal de temps aussi) et j’ai surtout une famille avec un petit loulou. Le petit loulou passe en premier mais il est déjà formé au geocaching. En effet, il a lui aussi à 5 ans posé sa première série (Emile et le loup). Donc non, je ne vis pas que pour le geocaching même si les 5 derniers mois ont été un peu difficiles pour la famille… mais je vais me rattraper (en tout cas je vais tout faire pour). Je voulais les remercier car ils ont été bien compréhensifs. Mais j’ai encore plein de projets pour 2014, dont un qui va se concrétiser dans les jours qui arrivent, l’ouverture d’une association qui permettra d’organiser des events dans des meilleures conditions aussi bien pour les participants que pour l’organisateur.

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Merci d’avoir pris le temps pour m’expliquer un peu ta démarche sur ce DTC. Un dernier mot ?

Juste un mot, tu rigoles, pour un bavard comme moi c’est impensable, je vais donc prendre le droit d’en dire plusieurs . En premier, je souhaite aux futurs visiteurs du DTC de prendre le plus de plaisir sur les chemins et pourquoi pas les rencontrer autour d’un verre ou au détour d’une cache. D’ailleurs Tof, tu vas bien passer un jour sur Bordeaux, je t’ai loupé il y a 2 ans, je ne ferais pas cette erreur lors de ta prochaine visite ! Deuxièmement, je voulais remercier tous les géocacheurs locaux qui forment une famille geocaching très soudée. Et puis un gros merci à tous les gens qui ont supporté mon radotage lors de la pose du DTC (collègues, famille, géocacheurs…). Et le meilleur pour la fin, un petit message aux 2 personnes qui partagent ma vie de tous les jours car sans eux rien ne serait possible: « Je vous aime jusqu’au soleil ».

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Merci à Calimero33 pour cet échange instructif et teinté de beaucoup d’auto-dérision! Je ne suis pas fan de micro-caches dans la nature, mais le soin qui a été apporté à la préparation et aux pages/site internet force le respect. Pas fan non plus de power-trails purs et durs, mais là comme Calimero l’expliquait, ça n’en est pas vraiment un, plutôt un ensemble de circuits connexes, avec des caches pas toujours faciles à trouver et un peu plus éloignées que les 161m… Pour avoir eu l’occasion de faire deux de ses premiers circuits, ce sont des balades champêtres bien agréables !

Rendez-vous dans 15 ans pour un interview d’Emile « mini-Caliméro » ? 😉

Voir aussi : article de Cache-Village, interview du reviewer Konaitusa, échange avec l’organisateur des Mega-Events France #1 et #3 Bourbonnais.

France Geocaching

Une réflexion sur “Détonnant Trail Créonnais, par Calimero33

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