Interview de Surfoo

Il y a quelques mois, vous avez dû être, le temps d’un week-end, spammés par mail, forum ou Facebook interposé, de la part de géocacheurs vous demandant de rejoindre leur « réseau »… L’origine étant une géocache collaborative de type viral, Geocaching Connection, créée par Surfoo… On a retrouvé le coupable 😉

Surfoo, une petite présentation ?

J’ai découvert le géocaching en 2007 grâce à un collègue (Axey, si tu me lis 🙂 ) mais ne suis actif que depuis avril 2010. Et je ne me suis pas arrêté depuis ! Je partage le géocaching avec entre autre le développement web pour le boulot et les projets persos. D’ailleurs, certains ont pu se frotter à quelques unes de mes mysteries dans ce domaine. Attention, il se pourrait que quelques termes techniques se glissent dans la suite de l’interview, vous êtes prévenus !

Comment t’es venue l’idée de Geocaching Connection ?

Après la #1 et la #2 où le nombre de participants augmente un peu, je cherchais une autre idée qui impliquerait encore plus de monde. Et je voulais apprendre quelque chose de plus dans la réalisation technique, du coup il fallait combiner les deux et ce n’est pas facile. Dans l’idée du jeu, je trouvais intéressant le côté collaboratif et injuste du système pyramidal, de voir comment allait réagir la communauté. Entre l’idée et la publication, il s’est écoulé plusieurs mois avec des périodes de remises en question ou de pause dans le développement car ça ne me convenait pas.

T’attendais-tu à un tel déferlement ?

Non absolument pas ! Je savais pertinemment que ça ferait un peu de bruit mais pas autant que ça. J’avais pensé que beaucoup passeraient par email, de contacter leurs connaissances directement, mais les réseaux sociaux et les forums ont pris de plus en plus d’importance ces dernières années et la majorité des géocacheurs sont passé par ces deux moyens. Mais pas sûr que ça soit le meilleur moyen de faire le FTF, le premier réseau est passé par email au début.
Heureusement, le bruit s’est vite calmé au bout de trois jours, pas sûr que certains l’aient supporté plus longtemps 🙂

A ce jour, combien de réseaux ont complété leurs 100 membres ?

Il y a actuellement 13 réseaux de plus de 100 membres, dont 6 têtes de réseaux. D’ailleurs le réseau peut continuer au delà de 100 membres pour permettre à chacun de réaliser son propre réseau s’il le souhaite. Mais je n’ai eu connaissance que d’une seule personne qui l’ai fait volontairement à ce jour, bravo Zoumba !

Petite exclu pour le blog, une vue approximative de tous les réseaux existants à cet instant :

geocaching connection

Et techniquement, c’est codé comment ?

Pour faire court et pour les curieux, tout est ici : https://github.com/Surfoo
Eh oui, tout le code est disponible librement sous licence open source. Ce qui veut dire que chacun d’entre vous a accès au code source, peut le lire, le modifier ou l’exécuter. Je suis très attaché aux valeurs du logiciel libre, tout ce que je code est partagé librement afin que ça puisse profiter à tous.

Concernant les technos utilisées, c’est très standard dans le développement web, PHP, Javascript et une base de données MySQL. Un peu plus haut j’écrivais que je voulais apprendre quelque chose de technique dans la réalisation, ici c’était sur le stockage hiérarchique dans un arbre de données. Il fallait trouver le bon algorithme afin d’être rapide à lire les données correctement, mais aussi à les écrire et les supprimer. Autant dire que ce n’est pas évident à mettre en place, mais pas de soucis, d’autres ont résolu le problème bien avant moi. J’ai quand même implémenté un des algorithmes entièrement avant de me rendre compte qu’avec plus de monde, j’aurais pu sacrément ralentir le serveur.

D’ailleurs, petit défi que je lance à l’occasion : A la première personne qui me donne le bon algorithme utilisé (2 mots), je lui offre un déjeuner un midi sur Paris !

Une autre cache collaborative qui a rassemblé beaucoup d’équipes de déminage, c’est Alerte à la bombe ! Elle a l’air de bien plaire, aussi ?

2 ans depuis quelques jours déjà ! Hé oui, elle plaît toujours même si c’est beaucoup plus calme qu’au début mais c’est normal, beaucoup de joueurs locaux l’ont déjà loguée. Mais il y a toujours un petit noyau de joueurs quotidiens qui viennent rechercher la bombe, c’est toujours sympa.

Alerte à la bombe

Tu es un des rares français à utiliser l’API officielle de Groundspeak, explique un peu…

L’API permet de discuter avec geocaching.com et de récupérer de nombreuses données, GSAK en est le parfait exemple. L’accès se fait par demande motivée à Groundspeak en présentant son projet, à eux d’accepter ou non. J’ai présenté mon idée de jeu collaboratif, et j’ai un accès depuis fin 2012. Depuis, ça me permet d’avoir un système d’identification des joueurs, car Groundspeak interdit les géocaches où il faut s’inscrire obligatoirement. Avec l’API, le problème est résolue !

D’ailleurs avec mon accès à l’API, j’ai développé la première librairie en PHP pour l’utiliser. Elle est évidemment disponible en open source et utilisée par plusieurs développeurs actuellement.

Responsable du développement à Groundspeak, ça t’intéresse ? 😉

Absolument pas, c’est CEO ou rien ! Bon blague à part, non pas du tout. Ils utilisent des technologies Microsoft et ça ne me correspond pas du tout, ce n’est pas vraiment open source tout ça. Par contre j’aurais bien des choses à leur faire remonter au sujet de l’API : Le manque de documentation et d’informations sur les mises à jour, mettre à jour le système d’authentification, avoir plus de possibilités techniquement… Mais pas sûr que les choses changent rapidement, je pense que l’équipe marketing a pris le dessus chez Groundspeak.

Tu es fan de Wherigo également, 2 cartouches appréciées l’évasion impossible et Jeu de l’oie, d’où t’es venue l’idée ?

Oui mes 2 seules pour le moment, et j’en suis assez content. Elles ont toujours été appréciées, donc j’ai atteint le but que je m’étais fixé. Pour le jeu de l’oie, j’ai tout de suite vu le potentiel de ce jeu avec les arrondissements parisiens, c’était parfait. J’avais le lieu, le jeu, un peu d’ajout de culture générale et voilà ! Pour l’évasion impossible, je ne peux pas en parler, sinon tout le monde va s’échapper après 😉

Petit bémol chez Groundspeak quand même, l’émulateur Garmin et le site ne sont plus développés, c’est de l’abandon pur et simple (j’ai parlé des waymarks aussi ?). Heureusement, des géocacheurs motivés lancent des initiatives pour relancer tout ça (un autre site, des tutoriels, etc.), c’est très bien et c’est ce qu’il faut ! À quand le client Garmin en open source ?



En tant que joueur, quelles sont les caches que tu as trouvées les plus originales ?

Pas facile de lister les caches qui m’ont plu, et je risque surtout d’en oublier et de vexer quelques personnes. Vous pouvez aussi vous référer à ma liste de caches favorites 🙂
J’adore les earthcaches même si je n’en fais pas beaucoup, découvrir des particularités géologiques pas forcément visible de tous. Les caches camouflées, c’est toujours chouettes à découvrir. je manque de compétences dans ce domaine, mais je vais tenter d’en faire plus dans les mois qui viennent. Les T5 où il faut grimper, descendre, faire du bateau, aller dans des grottes ou sous l’eau. J’adore, et j’ai vraiment passé des bons moments avec les géocacheurs présents. Pour les mysteries, j’aime bien quand l’owner veut nous faire découvrir quelque chose d’intéressant, qui soit sympa à résoudre, et qui soit logique (bien que chacun peut avoir la sienne…)

Et celles que tu n’aimes pas ?

Une des pires que j’ai fait, c’était une boite d’allumette, complètement humide bien sûr. Sinon il y a aussi les coins crades où il n’y a rien à voir, heureusement que ce n’est pas souvent.

gpx viewer

Également Georoadbook, j’en avais déjà parlé ici, tu nous résumes ?

Je suis parti du simple constat que beaucoup de géocacheurs passaient énormément, mais vraiment, à faire un roadbook. C’est évidement tout à leur honneur de fournir un roadbook de qualité, et toujours agréable à avoir en main le jour d’un event.

Mais avec les différents poseurs, il faut récupérer toutes les infos (certains ne sont pas forcément à l’aise avec le matériel informatique), les mettre en page, les modifier suite à des changements ultérieurs, c’est beaucoup de copier/coller, de source d’erreurs et donc de perte de temps. C’est ingrat et rébarbatif, et je pense vraiment qu’on préfère tous passer du temps à créer et poser les caches que passer des heures de bidouilles pour un roadbook. Je n’ai pas encore créé de roadbook, mais je l’ai vu auprès d’autres géocacheurs et il fallait vraiment trouver une solution.

Du coup j’ai réfléchi très fort (ça fait mal, attention) et étant dans l’informatique, je n’aime pas réinventer la roue et j’aime surtout les automatismes ! Les données utiles sont toutes présentes dans les fichiers GPX, c’est exactement ce qu’il me fallait. Après beaucoup de lignes de code et plusieurs semaines passées, Georoadbook était là ! L’application vous fournit une base de travail pour votre roadbook, n’hésitez surtout pas à le modifier et améliorer la présentation pour vos events, l’outil d’édition est là à cet effet.

Depuis la sortie, beaucoup de roadbooks ont été crées (mais je n’ai aucune stats), dont celui du Mega Event Marne & Gondoire !

georoadbook

D’autres projets en préparation ?

Pas mal d’idées en stock effectivement, que ça soit pour des tradis ou mysteries. Si on me donne des journées de 48h j’arriverai sans doute à tout faire. En attendant, je prends mon temps pour faire les choses correctement et c’est peut-être pas plus mal comme ça.

J’ai tendance à préférer la qualité à la quantité, ce qui prend beaucoup de temps et me fait remettre des idées à plus tard tant que ça ne me plaît pas. Il y a une citation que j’aime bien : « Les détails font la perfection, et la perfection n’est pas un détail. » de Léonard de Vinci. Je ne dit que pas que ce je fais est parfait, loin de là, mais j’essaie de m’y approcher le plus possible.

J’ai un gros projet en cours de refonte qui nécessite plus qu’un développeur ici. Alors je vais faire un appel ici, peut être que ça pourrait fonctionner ! Je fais du dév, mais question design je suis loin d’avoir le niveau. Alors si vous êtes vous-même, ou une connaissance, graphiste web qui a des connaissances en responsive design, I need you! Contactez moi, et je vous parlerai du projet 🙂

En parallèle, j’essaie de contribuer à quelques projets que j’utilise :c:geo (signalements de bugs, améliorations à apporter), Project-GC (un peu de traduction, script greasemonkey), et divers projets que j’utilise de temps en temps. Je profite de mes améliorations, vous aussi, et c’est bien !

Quels outils aimerais-tu bien voir aussi évoluer ?

Je vous ai parlé de l’API ? des Wherigo ? Des données complémentaires dans le contenu des GPX. Un sujet a été lancé il y a quelques mois par Groundspeak sur leur forum, je suis en attente de voir le résultat. Ça permettrait entre autre d’avoir la liste des images dans le GPX, et je pourrais enfin jeter spoiler4gpx qui a été créé pour pallier ce besoin. Un nouveau design plus sympa pour Géoroadbook aussi.

Merci Surfoo ! Vous l’aurez compris, c’est quelqu’un qui donne beaucoup de temps à la communauté des géocacheurs, alors rendons-lui la pareille en allant chercher ses caches…

Voir aussi : Interviews de Garenkreiz, Samuel développeur c:geo, reviewing avec Konaitusa.

France Geocaching

Une réflexion sur “Interview de Surfoo

  1. Chapeau bas Surfoo pour tous ces modules mis à disposition de la communauté des Geocacheurs, et sans oublier Tof pour cette belle mise en valeur une fois de plus. 😉

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